L'audit interne : rattachement et évolution dans les organisations
A quoi pense t’on quand on évoque l’Audit Interne ? Ethique, contrôle, conformité, cartographie, maitrise des risques, réglementation… mais également objectivité et indépendance !
L’Audit Interne est une fonction indépendante de l’entreprise ou du moins, elle est censée l’être.
A une obligation de conformité s’ajoutent l’évaluation de l’ensemble des process et technologies de l’entreprise ainsi que les risques financiers et non financiers qui y sont associés. La pression réglementaire ainsi que les mutations s’imposant aux organisations impliquent de repenser le périmètre d’intervention de l’Audit Interne et son mode d’organisation qui concerne toutes les activités, fonctions et métiers de l’entreprise.
Mais une contradiction se présente à nous dès notre première phrase : interne et indépendance ! Comment l’Audit Interne peut-il être indépendant en étant interne à l’entreprise ?
Les normes professionnelles et les instances de régulation exigent cette indépendance. Mais n’y a-t-il pas un risque qu’il soit juge et partie ? L’Audit Interne doit conserver une certaine distance avec la structure à laquelle il appartient et qui est l’organe qui le contrôle, et avoir tous les moyens et informations mis à sa disposition pour aller au bout de ses investigations. Mais comment ?
Un rattachement hiérarchique approprié est donc nécessaire pour mener à bien ses missions, et il a varié sur les dernières années. Il pouvait être rattaché à la Direction Financière car cela reflétait souvent une préoccupation du management de s’intéresser aux contrôles et à la certification du domaine financier.
Depuis quelques temps, l’Audit Interne tend à être rattaché à la Direction Générale, soit l’instance hiérarchiquement la plus élevée au sein de l’entreprise. Ceci montre une volonté d’élargissement des missions de l’Audit Interne et son rôle de conseil au management. Cela garantit clairement l’indépendance de la fonction quant à la direction des organisations. En effet, en étant rattaché à une direction opérationnelle comme la Direction Financière, et en contrôlant l’organe auquel il appartient, l’Audit Interne, ne pourrait garantir cette règle de séparation claire entre l’établissement des comptes et leur contrôle.
Les organes de gouvernance ont ainsi, dans désormais beaucoup de groupes, redéfini leur fonctionnement en créant des Comités d’audit, nommés par les conseils d’administration et constitués de personnalités extérieures, avec un rattachement à la Direction Générale. Le but est donc de renforcer la fiabilité des états financiers mais pas que ! Il s’agit également d’évaluer et de sécuriser la qualité de toute information financière ou non, fournie par l’entreprise, qui sera primordiale à la prise de décisions de la Direction Générale, d’assister le conseil d’administration et de protéger l’indépendance des auditeurs internes et externes en formant un écran contre les pressions des dirigeants.
La conduite d’une mission d’audit interne permet donc tout d’abord, grâce à une approche de maitrise des risques, de se positionner comme une « ligne de défense » permettant la sécurisation des process et systèmes d’information, l’exploitation de la donnée, l’évaluation de la conformité aux engagements contractuels et à la règlementation ainsi qu’aux normes en vigueur, et ce, en assurant la traçabilité de l’information.
Mais l’audit interne doit également s’assurer en amont que les contrôles effectués sont adéquates, dès leur conception, ce qui permettra un gain de temps et une réduction des coûts, et ainsi d’avoir une approche prospective plus efficiente afin d’élaborer in fine des recommandations pertinentes et un plan de suivi des actions correctives.
La Direction de l’Audit Interne a ainsi une vision à 360° de l’entreprise et de son fonctionnement en ayant une approche terrain de proximité avec les opérationnels, les sites et les filiales de l’entreprise, ce qui lui permet ensuite de fournir une prestation de conseil pointue à la gouvernance afin de renforcer son efficacité et créer de la valeur ajoutée en toute objectivité. Ayant ce recul et cette indépendance sur un prisme micro et macro, l’Audit Interne n’est ainsi plus vu comme une activité support mais comme un véritable business partner d’amélioration de la performance opérationnelle.