Que faire après l'audit externe ?
Si la responsabilisation des auditeurs s’est accélérée et les rend autonomes rapidement –généralement au terme de 2 saisons – faire carrière en cabinet, est aujourd’hui de moins en moins un réflexe.
Pourquoi les auditeurs se détournent-ils d’une carrière en audit ?
Depuis quelques années, le turnover dans les cabinets d’audit a augmenté et cela même si les niveaux de rémunération ont été revus à la hausse. Les perspectives d’évolution sur le long terme ne motivent plus autant les auditeurs. En général, les auditeurs en cabinet tirent leur première révérence au bout de trois saisons, soit finalement peu de temps après avoir acquis un bagage professionnel assez solide. Le phénomène s’explique sans doute par le système très anglo-saxon de ces cabinets où les salaires et les évolutions sont très balisées : les auditeurs sont évalués par leur N+1 chaque année pour passer au grade supérieur et seulement 10% d’entre eux passent ce grade.
Ajoutons à cela que les probabilités pour arriver à un grade de Partner dans un grand cabinet sont minimes ; seuls quelques profils brillants, diplômés du DEC et affichant un parcours à valoriser au sein de la structure (expérience à l’étranger, compétences particulières) peuvent y aspirer.
L’investissement personnel peut aussi être conséquent tout au long de l’année, ce qui parfois crée un déséquilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle ; notamment la « période finale » de clôture, extrêmement redoutée et souvent décrite comme une épreuve d’endurance mentale et physique.
Où partent-ils alors ? Quels choix de carrière restent les plus avantageux ? Trois orientations sont envisageables et souvent adoptées.
1. Rejoindre un Corporate : l’option la plus naturelle
Rejoindre une Direction financière est souvent la suite « logique » pour la plupart des auditeurs, qui souhaitent développer une compétence métier et toucher du doigt l’opérationnel. D’autant plus qu’ils disposent bien souvent de l’embarras du choix ! Les auditeurs en cabinet sont extrêmement sollicités par les entreprises qui viennent les chercher sur de l’analyse financière, du contrôle de gestion, du contrôle financier, ou encore pour des postes en consolidation.
Les bases reçues en audit sont effectivement compatibles et transposables à de telles fonctions, et la familiarisation à un nouvel environnement se fait relativement rapidement.
Se tourner vers un poste en audit interne est également une belle porte d’entrée au sein de grands groupes afin de comprendre l’ensemble des process et ainsi acquérir une vision micro et macro de la structure. La proximité avec les fonctions dirigeantes de l’entreprise est en général plus forte dans ces fonctions, ce qui favorise l’accession à des postes à responsabilités à moyen terme – DAF de filiales par exemple.
LA REMUNERATION EN ENTREPRISE
Le marché est plutôt tendu sur cette période (et bientôt sortie) de crise : les départements financiers sont en sous-effectif et manquent cruellement d’expertises comptable et financière. Au regard de la convoitise que ces profils suscitent (2 à 10 ans d’expertise), les entreprises ont dû adapter leur processus d’embauche. Une étude a montré que les entreprises ont 50% de chances de perdre un candidat en processus de recrutement si ce même processus dure plus d’une semaine. Elles sont aujourd’hui contraintes, afin de pouvoir collaborer avec l’un de ces profils, de faire des propositions d’embauche très rapidement (propositions assorties d’une rémunération très gratifiante). Certaines fonctions sont encore plus prisées que d’autres, telle que la consolidation car il s’agit de postes très techniques, ce qui crée une pénurie de candidats sur le marché.
La rémunération n’est pas réellement un point problématique lorsque l’on envisage de quitter un Big Four; un auditeur ayant 5 ans d’expérience peut espérer 60 k€ bruts annuels et 90 k€ avec huit d’expérience pour rejoindre un département d’audit interne (Source ).
2. Poursuivre en cabinet dans d’autres équipes
La poursuite en cabinet peut se faire à travers différents métiers comme le TS, l’évaluation financière ou encore le conseil en transformation – de la fonction finance le plus souvent. L’environnement est familier et il est possible d’aisément capitaliser sur les années d’expérience afin de briguer des postes à responsabilités. Cela représente un bon moyen de se perfectionner techniquement et d’affiner ses appétences pour un secteur ou un domaine d’activité.
CONSEIL
Envisager une carrière dans le conseil par exemple, permet de développer de nouvelles compétences, notamment relationnelles (moins essentielles en audit) et d’appréhender tout à fait différemment une mission chez un client. Si l’auditeur a pour rôle de s’assurer que l’entreprise est conforme à une norme, le consultant doit démontrer sa valeur ajoutée en cherchant des solutions sur-mesure pour son client et en l’aidant avec une dimension business partner plus forte.
PWC a d’ailleurs noté et compris cette transition : il avait été constaté qu’après 3 à 5 ans en audit, les auditeurs se dirigeaient naturellement vers le conseil en management (fonction finance), le conseil aux transactions et le conseil en stratégie. Afin d’encourager cette mobilité, PWC a mis en place il y a quelques années un parcours croisé destiné aux jeunes diplômés.
TRANSACTION ADVISORY SERVICES
Si l’on prend le cas du TS, qui fait partie des nombreux métiers proposés par les BIG 4, un passage par l’audit est en réalité vivement recommandé. Selon Aude F. Manager M&A Transaction Services chez Deloitte France, une expérience en audit est un vrai plus pour réaliser des missions en Transaction Services car « elle permet d’acquérir des connaissances en comptabilité essentielles au bon déroulement des missions ». Elle ajoute d’ailleurs que « de bonnes évaluations en audit sont indispensables pour pouvoir être recruté en TS. » Néanmoins, il faut bien rappeler que la demande pour évoluer de l’audit vers le TS est importante, ce qui a considérablement durci les processus de sélection.
Une attention doit être portée sur le fait de réellement sortir de l’audit, et ne pas « accepter » un poste mixte (audit/TS/conseil) qui pourra s’avérer être un poste d’auditeur déguisé, avec quelques missions exceptionnelles.
NOS RAPPELS
Au sein d’un département de Transaction Advisory Services, l’ancien auditeur peut intervenir sur différents métiers du conseil financier et les équipes sont en général plutôt spécialisées chez les Big :
- Sur la partie Transaction Services, il accompagne l’entreprise sur des missions de due diligence financière soit à la vente soit à l’achat.
- Au sein des équipes évaluation, il assistera les équipes d’audit sur des impairment tests ou pPA et gèrera également des missions d’évaluation d’actifs incorporels ou des missions de litigation. Le métier étant plus technique, une formation de premier plan en ingénierie financière sera souvent demandée pour accéder à ces fonctions (Master 225 de Dauphine ou Master en Ingénierie Financière de l’EM Lyon par exemple).
- En restructuring, les consultants travaillent sur l’optimisation de la gestion de la trésorerie, l’amélioration de la profitabilité ou encore un réagencement des échéances de dette.
- D’autres équipes existent également comme le conseil en PMI, le conseil en forensic-litigation, le conseil en M&A ou en project finance.
L’éventail des possibles est assez large pour un ancien auditeur qui souhaite poursuivre son parcours en conseil. Le collaborateur pourra aisément capitaliser sur ses années d’expériences afin de briguer des postes à responsabilités à long terme. Le Transaction Services est par exemple un excellent tremplin pour aller en M&A ou en Private Equity.
3. Changer de métier ?
Changer de métier après l’audit, c’est possible. Des exemples de parcours très variés le prouvent et peuvent encourager certains à franchir le pas.
Vous bénéficiez d’une très bonne « formation » après l’audit et avez acquis, outre une bonne connaissance des chiffres, une rigueur indéniable, une posture face à un client, des compétences managériales ainsi qu’un respect de délais courts en environnements exigeants. Vous pouvez tout à fait briguer des postes en Sales (business developement – account manager), en recrutement, ou lancer une toute autre activité. Le tout sera de ne pas se précipiter et de bien sélectionner les activités qui vous intéressent.
Nous vous conseillons également de vous poser les bonnes questions : est-ce le métier, le secteur, l’atmosphère ou l’employeur que vous souhaitez quitter ? Quelles compétences souhaitez-vous exploiter pour la suite ? Quelles sont les valeurs qui vous tiennent à cœur au sein d’une entreprise ? Quel rythme de travail souhaitez-vous adopter ?
Gardez toujours une ouverture d’esprit, ne faîtes aucun choix par défaut ou « réflexe » et prenez le temps de rencontrer différents interlocuteurs afin d’envisager différentes pistes.
N’hésitez pas à solliciter nos experts si vous vous posez des questions.